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Haut-potentiels, surdoués, zèbres, kesako?

Mon approche diagnostique étant plutôt fonctionnelle, je ne suis pas un partisan des étiquettes. Quand je reçois des personnes qui me sont envoyées parce qu’elles sont identifiées comme étant à Haut Potentiel, je fais exactement ce que je fais avec tous mes patients, j’écoute, j’essaie de comprendre, sans a priori. L’étiquette HP ne m’apporte finalement que peu d’information utile. Pourtant, elle s’avère parfois lourde de conséquence. Autant elle permet parfois de mettre un mot, généralement connoté positivement, sur une sensation d’être différent, autant elle est aussi porteuse d’exigences et d’attentes, voire de fantasmes et parfois d’incompréhensions.

Face à cette étiquette, bon nombre de personnes utilisent Internet pour essayer de comprendre ce qu’elle signifie. Ils trouvent alors rapidement des sites qui regorgent d’explications aux allures plus ou moins scientifiques sur le haut-potentiel intellectuel, sur la « zèbritude », expliquant combien ils sont différents, voir supérieurs ou plus fragile, ou plus sensibles. Entre Harry Potter, Lisbeth Salander, Sheldon Cooper, Friedmann et Albert Einstein, les stéréotypes sur les « génies » ne manquent pas de générer des attentes qui peuvent emprisonner celui qui vit avec cette étiquette (ou aussi à celui à qui on ne la « donne » pas). Comme de tout temps, certains utilisent la souffrance de ces personnes en recherche d’elle-même pour les rallier à leur cause, et souvent, malheureusement, à leur portefeuille.

Et pourtant, il y a bien plus à dire que toutes ces images d’Epinal que l’on vous sert. J’ai déjà pas mal écrit sur le sujet mais je vais tenter d’expliquer ici ce que recouvre selon moi les termes et concepts de Hauts-potentiels intellectuels, que certains surnomment surdoués, zèbres, etc…

Je ne vais pas, pour une fois, fournir toutes les références scientifiques sur les sujets que je vais aborder (du moins dans un premier temps, j’y reviendrai peut-être un jour prochain). Mon but est de faire appel au bon sens de chacun, à votre intelligence et de donner des pistes de réflexion. Je vous donne néanmoins, à la fin de cet article, une série de références (articles, sites web et de livres) qui pourront probablement satisfaire votre envie d’en savoir plus sur le sujet.

Si je dis « tenter d’expliquer », c’est que la tâche est plus ardue qu’on ne pourrait le croire. En premier lieu parce qu’il n’y a pas de consensus sur ce qu’est l’intelligence. Si vous interrogez les principaux chercheurs qui s’intéressent à l’intelligence comme sujet d’étude scientifique et que vous leur demandez leur définition de l’intelligence, vous obtiendrez certainement une grande diversité de réponses et autant de discordances que de similarités dans celles-ci. On ne peut néanmoins que difficilement faire l’économie d’une telle définition si l’on veut expliquer ce qu’est le haut-potentiel intellectuel.

Alors, qu’est-ce que l’intelligence? Le fruit du fonctionnement de notre cerveau? Notre capacité à traiter de l’information (résolution de problème)? A en générer de nouvelles (créativité)? Notre capacité à mémoriser des informations et à les classer? Est-ce de l’ordre du cognitif uniquement (qui est en lien avec la connaissance) ou le conatif (lié à la volonté, à l’effort) et l’affectif sont-ils aussi des composantes de l’intelligence (vu l’existence d’un concept d’intelligence émotionnelle)?

Pour les premiers chercheurs s’étant intéressé au concept d’intelligence et ayant tenté de la mesuré (ce qui sous-entend que l’on peut définir de manière opérationnelle, concrète, ce que l’intelligence est ou du moins ce qu’elle produit comme effet), comme Spearman ou Piaget, l’intelligence est une fonction qui permet la résolution de problème, l’adaptation au milieu. L’intelligence ou les intelligences seraient des fonctions, des capacités à résoudre certains type de problème ou à traiter certains type d’information. Howard Gardner théorisa les différentes sortes d’intelligence, soulignant l’existence de personnes ayant des performances intellectuelles hétérogènes, capable par exemple de résoudre des problèmes mathématiques très complexe tout en étant peu performant au niveau verbal. Comme l’écrit Henry Schlinger, il y a peu de sujets qui ont généré autant de tensions et de débats dans la communauté scientifique que l’étude de l’intelligence et les tentatives de la mesurer.

La difficulté de définir l’objet d’une recherche rend d’autant plus difficile la mesure de cet objet. La difficulté de définir ce qu’est l’intelligence tiens fondamentalement qu’il s’agit d’un concept, d’une étiquette. En soi, l’intelligence est une fonction émergente de l’activité physiologique de notre cerveau. Autant on peut assez facilement définir ce qu’est le cerveau, la matière grise, la matière blanche et les neurones, autant le résultat de l’activité de ce complexe ensemble est difficile à déterminer et à scinder. En effet, notre cerveau  commande nos membres, traite les informations provenant de nos système perceptifs, donne du sens, crée une conscience de soi, initie et reçoit des communications avec autrui, génère des pensées volontaires et involontaires, résout des problèmes, modifie l’état physiologique de notre corps, ses balances hormonales, mémorise de l’information, infère des règles de fonctionnement sur base de son expérience et sur base de l’expérience d’autrui. Souvent, on parle de notre corps et de nos pensées comme deux choses séparées. C’est ce que l’on appelle le dualisme. Pourtant, notre corps et nos pensées ne font qu’un, ils sont dans un dialogue permanent. Sans parler de l’expérience quotidienne que vous pouvez avoir de l’influence de vos pensées sur votre corps (les mouvement, le stress, les palpitations) et de votre corps sur vos pensées (la souffrance, la fatigue, etc.), nombre d’études scientifiques montrent les liens étroit entre nos pensées, notre corps et même notre environnement. Le clivage en deux entités distinctes n’est donc qu’un concept, qu’une simplification pour nous aider à traiter la complexité que tout cela représente.

Il en va de même pour le clivage entre cognitif, conatif et affectif, ou pour le dire plus simplement entre intelligence, volonté et émotions. Nous ne prenons pas de décisions purement cartésienne comme nous aimons à le croire. Sans émotions, nous ne pourrions pas effectuer le moindre choix. Mais là aussi, afin de pouvoir « étudier » un phénomène, afin de pouvoir le comprendre, nous devons l’isoler et nous inventons donc des concepts qui permettent de délimiter, de restreindre l’objet de nos recherche, de notre compréhension. Ces mécanismes sont nécessaires pour construire notre connaissance mais il ne faut pas oublier que ces catégories ne sont pas naturelles ni « étanches ».

Le haut-potentiel intellectuel est donc une catégorie définie arbitrairement par la communauté scientifique pour désigner un ensemble de la population qui réussit particulièrement bien à passer des épreuves de test diagnostique visant a évaluer (notez bien que je ne dis pas mesurer, car ce n’est pas une mesure mais une estimation, une évaluation) le fonctionnement cognitif d’un individu. Par convention, sont désignés comme haut-potentiel (HP) intellectuel, les personnes qui se situent au delà de deux écart-types de la moyenne dans des tests normalisés. Dans le cas des test de QI (Quotient Intellectuel, vieille notion désuète que l’on doit aux travaux de Stern et puis de Weschler, se basant sur les test d’évaluation de l’intelligence définis par Alfred Binet et Théodore Simon), la moyenne est centrée sur une valeur de 100 et l’écart-type est de 15. Ce qui donne une distribution normalisée comme celle-ci (voir graphique) avec chaque fois le pourcentage de la population qui se retrouve dans chaque intervalle. Les HP sont donc les personnes qui se trouvent au delà de 130.

Comme vous pouvez le constater sur le graphe, la population HP représente donc, par définition, 2,2% de la population (2,1% de 130 à 145 + 0,1% de 145 et plus). Néanmoins, pour ne pas être psycho-rigides, on étend parfois la définition de haut-potentiel intellectuel aux personnes qui réussissent au moins un test d’une échelle de Weschler (WISC pour les enfants ou WAIS pour les adultes) au delà des deux écart-type de la moyenne. Cela explique donc que l’on connaisse le pourcentage de la population qui est considéré HP, celui-ci étant le résultat de la définition même du haut-potentiel. Il s’agit donc bien d’une notion statistique et quantitative. Aussi, toute personne qui prétend que les HP représente 3% ou même 5% de la population, ne sait probablement pas très bien de quoi elle parle.

La catégorie des personnes dites HP est donc une construction abstraite (il n’y a pas d’indicateur physiologique ou biologique clair qui se lie de manière univoque au HP) et arbitraire (décidée par un groupe de personnes) qui est utilisée par des psychologues et des pédagogues pour étudier une population hors-norme, statistiquement parlant. Cela ne signifie pas qu’une personne avec un QI de 129 soit fondamentalement différente d’une personne ayant un QI de 131 (voir même de 135). Il y a un continuum dans les mesures de l’intelligence qui ne permet pas de mettre en place une limite non-arbitraire.

Est-ce que la catégorie HP représente vraiment une catégorie de personnes qui est pertinente? Personnellement, j’ai de plus en plus de doutes à ce sujet et ce pour les raisons suivantes:

1° les tests utilisés (Généralement les tests de Weschler ou des tests de matrices), ne couvrent qu’une partie limitée (généralement 2 ou 3: Logico-mathématique, verbo-linguistique et visuo-spatiale) des formes d’intelligence identifiées par Gardner (ces formes d’intelligences sont aussi des constructions arbitraires et ne reflète pas une organisation physiologique du cerveau). Ce ne sont donc pas des outils qui couvrent entièrement le domaine de l’intelligence (qu’on ne définit toujours pas correctement)

2° Les erreurs d’évaluation peuvent être importantes. Si le sujet à mal dormi, a été entraîné, est au meilleur de sa forme, est déprimé ou anxieux, les résultats peuvent grandement varier. On n’utilise d’ailleurs souvent plus une intervalle de confiance (qui couvre souvent une dizaine de points d’écart) que la valeur elle-même. On ne parle donc pas d’un QI de 135 mais plutôt d’un QI entre 130 et 138.

3° Les tests dit de QI ne sont normalement pas fait pour évaluer l’intelligence (même si c’est le nom qu’ils utilisent) mais pour estimer (ou tenter de mesurer, mais c’est un leurre) les capacités cognitives d’un individu à réaliser une tâche précise et de comparer ce résultat à l’ensemble de la population. Ce genre de résultat est très utile pour comprendre les difficultés d’apprentissage d’une personne, comme outil contribuant à un diagnostique clinique mais pas comme un diagnostique en soi. Il ne faut donc pas réifier les tests de QI et leur donner une valeur qu’ils n’ont pas.

4° les associations qui sont souvent faites entre les résultats aux tests de QI et certaines caractéristiques émotionnelles ou comportementales (ils sont hypersensibles, n’aiment pas les injustices, etc.) créent des stéréotypes qui peuvent « emprisonner » les personnes HP dans une image qui n’est pas la leur. Même si il y a des corrélations statistiques entre certaines traits de caractères ou certaines caractéristiques et les personnes catégorisées comme HP, ce n’est pas pour autant que toute personne identifiée comme HP se retrouve avec toutes ou même ne fut-ce qu’une de ces caractéristiques. Hors, souvent, j’entend dire (ou pire, je le lis sur des sites de « spécialistes » du haut potentiel): il/elle est HP, il est sensible, hyper-vigilant, etc. Le stéréotype étant promu au statut de réalité, le haut-potentiel cache alors la réalité unique de chaque individu.

5° Trop souvent on parle de diagnostique de Haut-Potentiel. Là encore, c’est un danger. Le haut-potentiel intellectuel n’est pas une maladie. C’est une caractéristique de la personne, comme la longueur des bras, des doigts, le tour de taille, etc. Si l’on peut estimer les performances physique d’une personne sur base du ratio entre l’index et le majeur (qui est lié au taux de testostérone présent durant la gestation, et de là, à certaines caractéristiques physiques), on ne catégorise pas les gens à l’aide de ce ratio, ou du moins, on ne porte pas un jugement sur ces personnes sur base de cette caractéristique. On ne parle pas de maladie. Pourquoi le fait-on sur base d’un test de QI? Etre à haut-potentiel intellectuel est une caractéristique qui apporte des avantages dans certaines conditions, tout comme mesurer 2,10 mètres pour jouer au Basketball. Ce n’est pas une maladie D’ailleurs, plus de la moitié des personnes catégorisées comme HP n’ont pas de difficultés liées à cette caractéristique. Cela ne doit pas cacher la souffrance des autres mais bien relativiser le lien systématique fait parfois entre HP et mal-être.

6° Les difficultés d’apprentissage ou d’insertion dans le système éducatif de certains enfants ou adolescents HP est l’arbre qui cache la forêt. A mon avis, et il est partage par de nombreux spécialistes en la matière, ce n’est pas tant la difficulté du système éducatif à s’adapter aux différences individuelles que les différences individuelles des personnes HP elles-même qui sont à l’origine du problème. L’enseignement est trop souvent normatif et donc violent pour des personnes hors-norme (statistiquement parlant).

Donc, pour conclure, la catégorie des personnes à haut-potentiel intellectuel (les HP, les zèbres et consort), est désormais passé d’une catégorie servant à classifier des sujets de recherche à une catégorie de cible marketing pour des gurus, des écrivains, entrepreneurs et voire même parfois certains psychologues en manque de patients. Même si elle a servi pendant tout un temps à sensibiliser les professionnels de l’éducation et de la santé mentale aux différences de mode de fonctionnement intellectuel et aux impacts potentiels sur leurs mode d’apprentissages et de relation au monde, elle commence désormais à créer des représentations stéréotypées clivantes, qui laissent certains prétendre que les personnes HP devraient être isolées et vivre en ghettos. Et là, il me semble que la catégorie perd de son utilité.

Suggestions de lectures sur le sujet:

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La défense américaine fait la promotion de la méditation de pleine conscience

Le DoD (Department of Defense), le département de la défense des Etats-Unis, vient de lancer une campagne de promotion de la pratique de la méditation de pleine conscience (Mindfulness) au sein des forces armées afin d’expliquer aux militaires américains les bénéfices qu’ils peuvent en tirer ainsi que les différentes manières de commencer à pratiquer.

Un marine en position de méditation sur la rampe d’un hélicoptère CH-53E Super Stallion

Cette campagnes est supportée par une série d’articles sur le blog du DCOE (Defence Center of Excellence for Psychological Health & brain injuries), le centre d’excellence de la défense pour la santé mentale et les traumatismes crâniens. Ces articles reprennent certaines des évidences scientifiques concernant la pleine conscience ainsi que plusieurs conseils pratiques. Une étape de plus dans la diffusion de la pleine conscience et de son utilisation dans le monde du travail. Après les hôpitaux, les sportifs de haut niveau et les entreprises, ce sont désormais les militaires qui sont encouragés à intégrer cette pratique de médiation laïque dans leur rituels quotidiens afin d’améliorer leur qualité de vie et leur santé mentale.
Références:

Cette année, je fais du sport… enfin 10 minutes par jour

From NY Times website[/caption] « Cette année, je me (re)met au sport! ». Cette petite phrase ou l’une de ses nombreuses variantes est probablement l’une de celle que l’on retrouve assez fréquemment dans les bonnes résolutions pour l’année nouvelle. Souvent, la difficulté à trouver le temps et/ou l’argent viennent rapidement à bout de cette pourtant excellente idée. En effet, faire du sport, modérément, c’est bon pour le corps et l’esprit (qui ne font qu’un de toutes façons). Vous augmentez votre espérance de vie, vous améliorer une série de paramètres physiologiques (cholestérol, niveau de sucre dans le sang, cortisol, etc.) et même votre santé mentale (diminution du risque de dépression, plus haut niveaux de confiance en soi, plus d’énergie, amélioration des capacités cognitives, de la mémoire, etc.). Bref, tant qu’on en fait pas trop et qu’on le fait bien, les bénéfices sont loin d’être négligeable. Ces dernières années, nos chers scientifiques du monde entier, bien conscient des bénéfices de la pratique sportives et des énormes contraintes de notre vie quotidienne (ainsi que du manque de motivation à se bouger les fesses d’un grand nombre d’entre-nous) ont développé et étudié les effets de séances d’exercices physiques de plus en plus courtes, de 20, 10 voir 7 minutes ou ne fut-ce même que 5 minutes. Résultats? Courir 5 ou 10 minutes par jour vous assure semble-t’il une même protection contre les accidents cardio-vasculaires que les marathoniens. Aussi, pratiquer 10 minutes d’exercices 3 fois par semaine (30 minutes par semaine) augmente déjà très significativement votre endurance et votre métabolisme et ce en quelques semaines uniquement. Bref, si vous n’avez que peu de temps, c’est tout ce qu’il vous faut pour vous faire du bien. Pour plus de détails, je vous renvoie vers l’excellent article de Gretchn Reynolds du New-York Times: http://well.blogs.nytimes.com/2014/12/31/the-super-short-workout-and-other-fitness-trends/ Bonne année.]]>

Le temps, notre meilleur ennemi

article précédent j’avais relaté l’expérience de Darley et Batson (1973) qui montrait l’impact qu’avait la « pression » du temps sur l’expression de nos valeurs. Sous la « pression » du temps (c’est là que je vous rappelle qu’il n’y a rien de tel si ce n’est ce que nous imaginons et l’importance que nous, en tant que société, attribuons au fait de faire les choses dans certaines limites de temps. La pression vient de la peur de ne pas atteindre les espérances de notre société), nous ne sommes plus ce que nous voulons être, nous devenons, comme des animaux stressés et apeurés, agressifs, égocentriques et peu soucieux des autres. Regardez comme les gentils parents que nous sommes, soucieux du bien être de nos enfants, pouvons devenir des monstres d’agressivité pour arriver « à temps » à l’école puis au travail. Dans l’article précité, vous retiendrez peut-être aussi l’impact du temps sur cette mère de famille qui décida, finalement, de vivre l’instant présent. Donc, si nous n’avons pas le temps, c’est probablement parce que nous voulons faire trop de choses. Et c’est normal, nos vies sont fort remplies, trop remplies, à un point tel que le moindre imprévu exige une « compression » du temps. Parfois, nous devons apprendre à dire « Non » aux autres pour ne pas accepter trop de choses et souvent, nous devons apprendre à dire « Non » à la personne la plus exigeante que nous connaissons: nous-même. Mais parfois, nous préférons avoir trop de choses à faire pour être sûr de ne pas nous retrouver sans rien à faire. Il est étonnant qu’il nous soit parfois si difficile de s’imaginer ne rien faire (Regarder la télévision ou lire un livre, ce n’est pas ne rien faire. Même rêver éveiller c’est faire quelque chose) Le temps est fini. Quand nous serons mort, ce ne sera plus notre problème. D’ici là, nous n’avons qu’une vie. Que voulez-vous en faire? Qu’est-ce qui est le plus important pour vous? Ce ne sont pas des questions pour lesquelles nous avons généralement des réponses. Nous n’avons pas pris le temps pour cela. Pourtant, ne sont-elles pas fondamentales? Quand je « n’avais pas le temps » d’écrire sur ce blog, j’ai malgré tout pris le temps de mettre à jour mon questionnaire des valeurs et d’ajouter des explications pour vous aider à trouver des réponses à ces questions. Il est disponible ici, si vous voulez prendre ce temps pour vous après avoir pris le temps de lire cette longue prose (et je vous en remercie).  ]]>

La dépression, pour ceux qui ne la comprennent pas!

Comment est-il possible de se laisser aller ainsi? Pourquoi peut-il trouver l’énergie d’aller se balader mais pas de travailler? Qu’est-ce qui ne va pas chez elle, elle n’est pas malade pourtant? Comment peut-on avoir envie d’en finir avec la vie alors qu’on a des enfants que l’on aime? Ces questions vous vous les posez peut-être si vous avez une personne dépressive ou en « Burn-out » dans votre entourage. Hors, l’Organisation Mondiale de la Santé estime que la dépression affecte environ 350 million de personnes dans le monde, soit une personne sur 20. A l’échelle d’une classe d’école, un enfant du groupe est dépressif (symptômes persistants depuis plus de 6 mois).  Plus inquiétant, selon une enquête de l‘ANADEP en France (2005), 17,8% des personnes interrogées on vécu un épisode dépressif majeur (une période d’humeur triste ou de perte d’intérêt pratiquement toute la journée et presque chaque jour pendant au moins deux semaines) au cours de leur vie. Une personne sur 6 donc! Il est donc plus que probable que vous connaissiez une ou des personnes dépressives ou qui l’aient été dans le passé. On peut de plus en plus précisément expliquer le processus qui mène à la dépression et au Burn-out mais se limiter à cela, c’est comme vous donner la formule chimique du chocolat, ça ne vous en donne pas la saveur. Hors, c’est sa saveur qui nous intéresse. Cependant, autant je peux partager facilement avec vous un morceau de chocolat (ce qui ne vous donnera toujours pas, malgré tout, la connaissance de l’expérience subjective que j’ai, moi, en mangeant ce même morceau de chocolat) autant personne ne peut réellement partager sa dépression avec vous. C’est d’autant plus vrai que l’on rentre dans le domaine de l’indicible, de ces états que l’on ne comprend pas soi-même, sur lesquels on a beaucoup de difficultés à mettre des mots. Comment faire comprendre aux autres ce qui se passe en nous? On peut déjà se demander si cela aide et si cela est nécessaire. Peut-être pas, du moins pas directement. Mais, lorsqu’on est dépressif (au sens médical du terme) ou même dans un état dépressif (épisode transitoire de moins de 6 mois), on peut être confronté à l’incompréhension de son entourage, et cela n’aide pas vraiment. D’autant plus qu’il n’y a pas qu’une forme de dépression et que tout le monde ne vit pas un épisode dépressif de la même façon: l’intensité n’est pas la même, le vécu n’est pas le même, les ressources ne sont pas les mêmes. L’exercice auquel je vais me livrer ici est de vous mettre en contact avec ces petits épisodes dépressifs que la majorité des gens ont déjà expérimentés et qu’on a tendance à mettre de côté, à oublier (bien que la peur de les voir revenir puisse nous hanter de temps en temps). Je vais faire appels à vos souvenirs et à votre imagination. Cela ne vous donnera qu’un avant-goût de ce que peut être une pensée dépressive. Vous n’aurez plus qu’à imaginer cela en augmentant l’intensité, la durée, l’épuisement. Imaginez que vous êtes dans votre lit. Votre réveil sonne. Ce bruit vous irrite un peu. Vous êtes bien au chaud, encore engourdi. Vous avez du mal à ouvrir les yeux. Vous entendez les bruits des personnes qui vivent avec vous s’activant pour préparer le petit-déjeuner, se laver ou s’habiller. Vous aimeriez ouvrir les paupières mais vous ne trouvez  pas l’énergie. La lumière qui filtre à travers ce voile de chair est déjà difficile à supporter. Vous imaginez tous les efforts que vous devez réaliser pour vous sortir de ce lit, toute l’énergie que cela demande. Vous êtes bien au chaud, recroquevillé dans votre lit, pourquoi en sortir? Quelle raison peut justifier de se lever, de faire tous ces efforts pour finalement devoir faire face à cette société agressive à laquelle vous ne parvenez pas à donner du sens. Vous n’avez plus l’énergie. Bouger est une épreuve. Vous entendez que l’on parle de vous: « Pourquoi ne vous levez-vous pas? ». Vous aimeriez vous lever, mais malgré tout l’amour que vous avez pour vos proches, vous n’y arrivez pas, du moins, pas aujourd’hui. Vous vous en voulez d’ailleurs pour cela. Que penses-t’il de vous?  Quel exemple donnez-vous? Vous pensez probablement que vous êtes un poids pour eux. Des souvenirs de moments désagréables, durant lesquels vous avez blessé des personnes que vous aimez ou durant lesquels vous avez été blessé vous reviennent à ce moment là. Que la vie est dure, que la vie est triste, pensez-vous. « Peut-être seraient-ils mieux sans moi. » « Au moins je ne blesserais plus personne », « Au moins je n’aurais plus à souffrir de ces méchancetés, de mon incompétence, de mon inadaptation à ce monde ». Vous avez du mal à vous souvenir de la dernière fois où vous avez vraiment été heureux. Vous avez-même du mal à vous rappeler la dernière fois que vous avez ressenti un réel plaisir. Cette torture dure et semble ne pas s’arrêter. Les pensées s’entrechoquent dans votre tête, trop de mots, trop de sensations, trop de douleurs! Sans très bien savoir comment, vous arrivez à vous extirper de votre lit. Les lieux sont vide, tout le monde est parti. Vous prenez le premier truc à mangez que vous trouvez et vous vous mettez devant la télévision. Votre cerveau se met en veille pendant que vous regardez une série. Plus de problème à résoudre, plus d’équation impossible, plus de boucle infinie qui vous ramène systématiquement à votre misère comme Bill Muray dans « Le jour de la marmotte » (Groundhog day). Est-ce que cela vous parle? Pouvez-vous vous mettre en contact avec vos émotions en lisant cela, en vous imaginant à la place de cette personne? Oui? Bravo, vous venez d’effleurer la dépression du bout du doigt!      ]]>

L'apprentissage de la pleine conscience en un poème

Autobiography in 5 acts« . Il résume très bien, à mon sens, l’apprentissage de la pleine conscience. Chapitre 1

Je marche dans la rue Il y a un grand trou dans le trottoir Je tombe dedans Je suis perdue, impuissante Ce n’est pas ma faute Il me faut une éternité pour en sortir

Chapitre 2

Je marche dans la même rue Il y a un grand trou dans le trottoir Je fais semblant de ne pas le voir Je retombe dedans Je n’arrive pas à croire que je suis au même endroit Mais ce n’est pas ma faute Il me faut encore longtemps pour en sortir

Chapitre 3

Je marche dans la même rue Il y a un grand trou dans le trottoir Je le vois bien Je tombe quand même dedans…c’est une habitude J’ai les yeux ouverts Je sais où je suis C’est ma faute J’en sors immédiatement

Chapitre 4

Je marche dans la même rue Il y a un grand trou dans le trottoir J’en fais le tour

Chapitre 5

Je prends une autre rue

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L'originalité ne paie pas toujours…

toutes les familles heureuses se ressembles mais chaque famille malheureuse l’est de sa propre manière« . Parfois il ne faut pas chercher de midi à 14h sa propre recette du bonheur, s’inspirer de celle des autres peut être une bonne idée bien plus efficace. C’est ce à quoi se consacrent les chercheurs en psychologie positive (ou du bonheur): identifier ce qui rend les gens heureux. La naissance de la méditation de pleine conscience à suivi le même chemin en s’inspirant des pratiques ancestrales de méditation de personnes, de cultures qui sont globalement en meilleure santé mentale que l’occidental moyen. Donc, vous pouvez chercher à être malheureux de votre propre manière si vous le désirez mais ce sera plus rentable de vous inspirer de l’expérience des gens heureux et de la faire vôtre, de vous l’approprier. Un petit truc pour commencer? La gratitude envers les autres et envers la vie. Prendre conscience de toutes les bonnes choses qui nous arrivent et de pourquoi elles arrivent. D’ailleurs, merci de me lire :-)]]>

Groupes de gestion des émotions pour enfants (gratuit)

http://www.cps-emotions.be) de l’Université Catholique de Louvain organisent des groupes de gestion des émotions pour les jeunes. Dans le cadre d’une étude, les groupes de septembre seront proposés gratuitement. L’étude s’adresse aux 9-19 ans. Les jeunes seront regroupés par âge, et seront répartis au hasard dans un groupe de gestion des émotions par la pleine conscience ou dans un groupe de gestion des émotions par la relaxation. Calendrier : Les ateliers comprennent 9 séances hebdomadaires de 1h30 le samedi ou le mercredi, entre le 25 septembre et le 30 novembre 2013. Une rencontre individuelle avec l’animateur est prévue avant et après l’atelier de groupe. Prix : GRATUIT ! Ces ateliers nous permettront de réfléchir aux spécificités de chaque méthode. Ils vous sont donc proposés gratuitement, grâce au soutien de la fondation Huoshen. Lieu : Faculté de Psychologie, Rue Paulin Ladeuze, 13 à 1348 Louvain-La- Neuve (Belgique) Renseignements et inscriptions auprès de Sandrine Deplus, Dr en Psychologie, Psychothérapeute : sandrine.deplus@skynet.be.]]>

Les librairies d'expressions faciales d'émotions

NimStim du « Research Network on Early Experience and Brain Development » reprend 646 photographies de personnes adultes de races et de genre différent exprimant les 7 émotions de base (selon Ekman). Les clichés sont disponibles sur demande par email. Le NIMH-chEFS (National Institute of Mental Health – Child Emotional Faces Picture Set) de la Duke University reprend unensemble de photographies hautes résoltions en couleur d’enfant de 10 à 17 ans exprimant la peur, la colère, la joie, la tristesse et une expression neutre. Le tout téléchargeable gratuitement (pour utilisation pour la recherche uniquement) sur leur site. Le JACFEE (Japanase and Caucasian Facial Expression of Emotion) est disponible sur le site de Humintell (qui fournit aussi des entraînements en ligne à la reconnaissance des expressions faciales des émotions) mais pour le modeste prix de 95$.]]>

Et j'ai choisi de vivre l'instant présent…

Le jour où j’ai cessé de dire ‘dépêche-toi‘ ». Ce billet, qui a fait très rapidement le tour des réseaux sociaux, relate l’expérience personnelle de cette professeure d’éducation spécialisée, mère de deux enfants, qui, comme la grande majorité d’entre-nous, courait sans arrêt pour être à l’heure à tous ses rendez-vous et pour, comme elle le dit elle-même, « cocher quelque chose de notre to do list (choses à faire)« . C’est la découverte de l’effet de son comportement sur ses enfants qui lui fit prendre conscience de l’impact négatif, en tout cas par rapport à ses propres valeurs, de ce rythme de vie. En 1973, John Darley et Daniel Batson de l’université de Princeton publiaient un article intitulé « From Jerusalem to Jericho » dans lequel ils relatent une étude sur l’expression des valeurs altruistes chez des séminaristes à qui l’on demande, dans une des conditions, de préparer un sermon sur base de la parabole du « bon samaritain ». L’expérience montra que une simple contrainte de temps pouvait affecter l’expression des valeurs altruistes, même chez des séminaristes (dont on peut supposer qu’ils sont encore plus enclin à aider les autres, bien que ce ne soit peut-être qu’un stéréotype) qui venaient d’être « amorcés » sur le sujet de l’aide à la personne en difficulté. Croisant sur leur chemin une personne en difficulté, gisant par terre, 63% des séminaristes à qui une légère contrainte de temps avait été imposée s’arrêtèrent pour venir en aide au malheureux (un complice, bien sûr). Si un niveau intermédiaire de contrainte de temps était suggéré, ce chiffre diminuait à 45% soit près de 20% de moins. Encore plus impressionnant, ce chiffre tombe à 10% pour les séminaristes à qui une forte contrainte de temps (dépêchez-vous, vous êtes en retard) était suggérée. En résumé, on peut supposer que quand nous courons dans tous les sens pour rattraper le temps, comme le lapin d’Alice au pays des merveilles, nous sommes 6 fois moins susceptible de montrer un comportement altruiste, en accord avec nos valeurs, que quand nous prenons le temps de vivre. Quand nous courons dans tous les sens, non seulement nous ne prenons pas le temps de vivre (de profiter de notre vie) mais en plus, nous ne sommes pas (ou nous ne devenons pas) la personne que nous voulons être. C’est probablement un des facteurs qui explique que les personnes qui pratiquent la méditation deviennent plus emphatiques (elles prennent le temps de faire attention aux autres?) Un autre fait marquant de cette histoire est qu’il semble que nous faisons nettement plus attention à l’expression de nos valeurs lorsqu’il s’agit de nos enfants que de nous même. Lorsque je demande à mes patients quelles sont leurs valeurs, la question provoque fréquemment une moue dubitative. Si je leur demande s’ils donneraient du « fast food » à leur enfant tous les jours (si ils ou elles ont un ou des enfants), la réponse sort immédiatement: « Non, bien sûr ». Manger sainement est donc clairement une valeur (reste à déterminer quelle est sa « priorité). Pourtant, fréquemment, ces mêmes personnes mangent un sandwich « sur le pouce » le midi et ne prennent pas le temps de petit-déjeuner à leur aise le matin. Nos enfants apprennent plus de nos comportements que de nos conseils et commandements. Fais ce que je dis, pas ce que je fais, n’est clairement pas la meilleure façon  de leur transmettre nos valeurs. C’est plutôt l’adage « tu dois être le changement que tu veux voir dans le monde » qui devrait nous guider. Ceci me mène aussi à cette question: « Si nous sommes dans ce cas, qu’avons nous fait de mal pour ne pas mériter suffisamment notre propre compassion et prendre le temps de vivre en accord avec nos propres valeurs? » (et quel message transmettons-nous à nos enfants, en ne prenant pas soin de nous-même?). Et vous, si ce n’est déjà fait, qu’est-ce qui vous déciderais enfin à choisir de vivre l’instant présent? Si c’est déjà le cas, qu’est-ce qui vous à fait changer?   Lien vers l’étude de Darley & Batson (1973): http://web.missouri.edu/~segerti/1000/DarleyBateson.pdf]]>

Pourquoi la France n'a (quasiment) pas de TDAH?

1ère partie & partie 2). Elle s’interroge sur la différence très notable du nombre d’enfants diagnostiqués avec un trouble déficitaire de l’attention / Hyperkinésie (ADHD en Anglais): 9% aux USA et 0,5% en France. Elle nous rappelle plusieurs choses qui semble souvent être minimisées dans les discussion sur cette condition (j’ai du mal à l’appeler maladie). D’abord, aucune cause neurologique ou physiologique n’a pu être clairement identifiée quant à cette condition (il y a des corrélats biologiques mais on ne prouve pas la cause pour autant). Le discours des sociétés pharmaceutiques pour justifier de l’existence d’une condition physiologique est même parfois plutôt mince: si je lui donne de la Rilatine (une forme d’amphétamine, moins puissante que la cocaïne mais qui en partage les effets – voir aussi cet article du vif sur l’explosion de la consommation de Rilatine) et qu’il va mieux, c’est qu’il y avait un problème physiologique à la base. Argument fallacieux s’il en est, sachant que n’importe qui consommant des amphétamines va améliorer sa capacité de concentration. Autre rappel dans l’article de Wedge, la différence de définition et de conception de la condition. Les américains ont une définition large et d’origine biologique qui peut pathologiser n’importe quel comportement enfantin (énergie débordante, attention diffuse, etc.) alors que les français le considère comme le résultat d’une situation psycho-sociale (conception systémique) et la « traite » avec des psychothérapies et du coaching parental. On retrouve encore ici une belle application du constructivisme: le diagnostic crée les conditions de réalisation des attentes du médecin (enfin, ici, j’ai plus envie de voir les attentes des sociétés pharmaceutiques qui bénéficient largement des largesses de ce « diagnostique » . D’autant plus que dans les conditions de vie actuelle en Europe et encore plus aux USA, on peut imaginer la difficulté que peuvent avoir certains parents à canaliser l’énergie de leur enfant dans le métro-boulot-dodo infernal que leur impose notre société. La solution sous forme d’une pilule qui ne remet pas en cause certains de nos principes sociétaux, éducatifs et familiaux est probablement plus facile à accepter qu’une explication, forcément complexe, des effets de l’interaction entre l’environnement et l’enfant, d’autant plus si elle provient d’un pédo-psychiatre ou d’un neurologue. Qui sommes-nous pour contester ce diagnostique? Et voilà aussi Rosenthal qui pointe le bout de son né (au passage, une très belle note de synthèse sur l’effet pygmalion – autre nom de l’effet Rosenthal & jacobson – sur les élèves et les enseignants): L’enfant est diagnostiqué « TDAH » (j’ai envie d’écrire étiqueté) et son environnement s’adapte pour renforcer cette prophétie auto-réalisatrice. Comme l’écrit Wedge, le diagnostique n’aide pas. On se demande pourquoi? Est-ce pour autant dire qu’il n’y a pas de personnes souffrant de TDAH. Ce n’est pas ce que je prétend mais n’oublions pas que notre concept de la pathologie est fortement lié à celui de la normalité qui est lui même étroitement lié au concept statistique de distribution normalisée d’une condition. En ce qui concerne le TDAH, la frontière entre le normal et le pathologique est donc subjective et arbitraire. Elle dépend des critères d’inclusions, comme nous l’avons vu précédemment. Il y a donc très certainement des personnes qui présentent plus de difficultés que d’autres à se concentrer et qui ont aussi plus d’énergie à canaliser que d’autres. Est-ce pour autant une justification à une médication? D’autant plus que les causes de ces difficultés peuvent être multiples et variées (fatigue, troubles de l’humeur, mauvaise alimentation, estime de soi insuffisante, etc.). De plus, d’autres solution existent (et qui ne présentent pas le risque d’une augmentation des accidents cardiaques chez les patients, comme c’est le cas du traitement aux amphétamines). Des entraînements par la méditation (qui est finalement un entraînement à la concentration) semblent (mais il faut encore un peu de recherche là dessus) pouvoir apporter une solution bien plus « écologique » à ce problème.]]>

Plaidoyer pour une politique adogmatique de la santé mentale

de n’accorder – en Belgique – le titre de psychothérapeute qu’aux professionnels disposant d’un titre universitaire en psychologie (licence/master) ou psychiatrie (PhD) et ayant complété ce cursus par une formation reconnue en psychothérapie d’au minimum 3 ans. Toute autre formation initiale et/ou complémentaire ne doit ouvrir l’accès au titre de psychothérapeute« . Je suis étonné qu’ils ne demandent pas de limiter cela aux psychologues clinicien car il y a aussi des demandes allant dans ce sens (sinon, à quoi cela servirait-il de faire psychologie clinique? Etudier la psychologie d’entreprise nous forme nécessairement autant à la pratique de la psychothérapie que l’étude des psychopathologies, cela semble évident :o/ ). Analysons cette demande: Le titre de psychothérapeute ne devrait être décerné qu’aux psychologues et aux psychiatres (Les psychiatres s’en moquent, ils sont médecins, reconnus et largement remboursés, cela n’intéresse donc que des psychologues mais mentionner les psychiatres est probablement politiquement plus correct). Donc, en gros, il faut être psychologues (des organisations, psychologue social, neuropsychologue ou psychologue clinicien, vu que tout semble se valoir) pour être psychothérapeute. Soit! Quand on voit la diversité du programme de cours des psychologues cliniciens par rapport aux psychologues industriel, on peut néanmoins se demander en quoi un philosophe des sciences ou un medecin généraliste peuvent etre handicapes au point de ne pas pouvoir exercer le noble art de la psychothérapie? Quel cours peuvent donc bien lui manquer qu’on ne puisse rattraper après? cela suppose donc aussi que toutes les autres catégories de personnes qui exercent actuellement l’art de la thérapie ne sont pas aptes à exercer. Mais sur quoi se base cette prémisse? Peu d’études ont été réalisée sur le sujet et les résultats de celles que j’ai lues n’étaient pas franchement très significatifs, sans parler de certains biais méthodologiques. En gros, les résultats semblent identiques, les psychologues et les psychiatres feraient moins empirer la situation quand elle ne s’améliore pas. Mais passons sur ce point de détail comme certains aimeront l’appeler. En plus du diplôme universitaire en psychologie, le psychothérapeute doit avoir suivi une formation reconnue (par qui, sur base de quels critères? Mystère!) de 3 ans minimum. On suppose donc que c’est la durée minimale nécessaire pour être apte. Là aussi, aucun fait ne vient valider cette demande si ce n’est que la majorité des formations plébiscitée pas les universités et les associations professionnelles de psychologues et psychothérapeutes durent trois ans (avec un nombre d’heures de pratique variable et des enseignements tout aussi variables). Cela correspond aussi aux critères de l’association européenne de psychothérapie mais qui n’a pas été retenu par la France qui est le seul pays à avoir légiférer en la matière en Europe. Notez au passage qu’il y a un véritable microcosme économique qui gravite autour de cette problématique des formations. En effet, elle donnent du travail et une certaine notoriété à un certains nombres de membres de ces associations qui peuvent agir comme référents ou superviseurs, nouvelle version d’une pratique pyramidale qui est assez mal vue dans d’autres contextes. Ne vous méprenez, je ne dis pas que la supervision est inutile ni que ces personnes sont incompétentes, loin de moi cette idée, c’est juste que l’organisation de cette pratique dans un cadre aussi strict et favorisant certaines personnes me semble discutable. D’autant plus que je n’ai pas encore lu d’études sur les effets de la supervision sur la compétence ou l’efficience du thérapeute ni même de comparaison entre supervision et intervision ou encore moins sur les qualités nécessaires a un superviseur pour être « efficient ». Notez aussi que certaines de ces formations reconnues (certaines se targuent de l’être, on ne sait toujours pas par qui ni comment mais un lobby est déjà clairement bien en place) enseignent des pratiques thérapeutiques qui sont parfois discutables voire clairement identifiées comme des pratiques sectaires (mais c’est clairement un autre débat, bien que connexe à celui-ci). Ce qui me dérange encore plus, c’est que ces formations « reconnues » sont toutes orientées selon une des quatre « principales » orientation thérapeutiques (Psychanalytique/psychodynamique, systémique, cognitivo-comportementaliste et phénoménologique/centrée sur la personne) alors que les études sur l’efficacité des thérapies semblent indiquer clairement qu’un mélange de ces approches est préférable et que surtout, le modèle thérapeutique ne serait responsable que de 10 à 15% de l’effet de la psychothérapie. Les 85 à 90% de l’efficacité étant imputable à la qualité de la relation entre le patient et le thérapeute ainsi qu’aux attentes du patient, à son environnement, etc. Hors, la qualité de la relation dépend de nombreux paramètres dont la capacité du thérapeute à être présent dans la relation, à écouter, etc. Ce sont des qualités qui sont développées aussi lors des formations en psychothérapie mais qui n’en sont pas, en général, l’une des composantes principales. Est-ce que ces qualités ne peuvent pas être présente chez un médecin généraliste, un(e) infirmier(ère), un assistant social, un assistant en psychologie ou un philosophe? De plus, certains modèles psychothérapeutiques dont l’efficacité est validée empiriquement (je pense à l’ACT notamment) semble être facilement « utilisable » par le commun des mortels et ne pas nécessiter que le thérapeute ai suivi 7 ans d’études pour fonctionner. Je pense aussi aux thérapies basée sur la pleine conscience, dont l’efficacité est aussi largement validée empiriquement, et qui demandent plus un travail sur soi-même et une pratique régulière du patient et du thérapeute qu’une longue formation formelle. Et quid de l’hypnose et des thérapies brèves (qui ne rentrent pas dans les 4 orientations principales). Et re-quid de ces psychologues cliniciens et psychanalystes qui pratique la psychanalyse avec des enfants autistes alors que ce n’est clairement pas le choix le plus approprié? Et quid des « experts » en psychiatrie et en psychologie qui n’arrivent pas à se mettre d’accord et qui nous rappellent que la psychologie n’est pas une science exacte et qu’il n’y a pas vraiment un consensus sur la notions même de psychopathologie, de maladie mentale et donc, de là, de santé mentale. Et qu’en est-il de ces psychologues formés dans les écoles reconnues mais qui pratiquent aussi des approches épinglées comme sectaires ou tout au moins, non conventionnelles? Et qu’en est-il de l’ethnopsychiatrie ou de l’ethnopsychologie qui ne rentrent pas dans ces moules mais qui sont pourtant tout aussi efficaces? Je n’ai pas l’impression que le débat est juste. Comme je l’ai déjà écrit à maintes reprises, il faudrait inclure des philosophes, des scientifiques « dur » qui nous rappelleraient que ce sur quoi nous travaillons en psychologie ne sont pas des mesures mais bien des indicateurs (la plupart du temps du moins, mais là aussi, c’est un autre débat), des sociologues et des ethnologues. Il me semble que ce qui se profile à l’horizon ne va pas mieux protéger le patient mais juste s’attaquer à un problème économique. Donc, non, je ne signerai pas la pétition qui formule des exigences non fondées même si elle me protégerait éventuellement d’une concurrence forte des psychothérapeutes non-psychologue et non-formés, simplement parce que ce n’est pas juste.]]>

Le chemin, c'est la vie

Ne demande jamais ton chemin à celui qui sait. Tu pourrais ne pas te perdre ! » de Simone Bernard-Dupré dans Mélopée africaines « Atteindre son but, c’est rater tout le reste » (Je cherche encore ou j’ai lu celle là) A méditer donc.]]>

Entrainement à la reconnaissance des émotions (grâce aux expressions du visage)

« Emotions revealed: recognising facial expressions » de BMJ Careers – c’est en effet plus « subtile »). Vous vous demandez peut-être quel est l’intérêt de s’entraîner à cela? Finalement, nous sommes probablement déjà capable de reconnaître les émotions sur un visage. Ou peut-être sommes nous peu performant à cette tâche et il n’est pas possible de s’améliorer. Ou peut-être tout simplement, n’y a t’il pas de science ni de généralité en la matière. C’est Charles Darwin qui fut le premier à étudier l’expression des émotions chez l’animal et chez l’homme. Il consigna le résultat de ses recherches dans un livre devenu un classique, « De l’expression des émotions chez l’animal et l’homme » (Dont le contenu est disponible intégralement en ligne sur http://darwin-online.org.uk/ en Anglais ou une version en Français en livre de poche ), qu’il publia en 1872, 13 ans après « L’origine des espèces: Par le moyen de la sélection naturelle, ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la vie ». 100 ans plus tard, Paul Ekman identifie 6 émotions reconnue universellement:

  • La joie
  • La tristesse
  • La colère
  • La peur
  • Le dégoût
  • La surprise
Ces émotions ont chacune une expression faciale qui semble être reconnue universellement (Ekman a mené des études cross-culturelles assez concluantes bien que la règle semble avoir quelques rares exceptions). Plus tard, dans les années 1990, Ekman ajouta 9 autres émotions (dont des positives) mais qui n’ont pas toutes une modalité d’expression faciale spécifique: l’amusement, la satisfaction, le mépris, la gêne, l’excitation, la culpabilité, la fierté, le soulagement, le plaisir et la honte. Afin de pouvoir étudier scientifiquement les expressions faciales, Paul Ekman et Wallace Friesen inventent en 1978 un système de codification des expressions du visage se basant sur les muscles utilisé pour chaque expression, le FACS (Facial Action Coding System). Ce système, mis à jour en 2002, est toujours le système de référence utilisé de nos jours dans les études sur les expressions du visage. Plus tard, Ekman (encore lui) découvrit ce que l’on appelle désormais les micro-expressions, des expressions du visage, liées à une émotion que l’on essaie de cacher et qui n’apparaissent que pendant un très bref instant, de l’ordre du 30ème de seconde (à peine visible pour l’oeil humain). Ekman qui à voué une bonne partie de sa carrière à l’étude des émotions et de leurs expressions, s’est aussi intéressé de très près à la détection du mensonge par l’analyse du langage non-verbal (que ce soit les micro-expressions, la position du corps, le timbre de voix) ou le contenu verbal (choix des mots, type d’expressions, de récit, etc.). C’est d’ailleurs de l’histoire et des recherches de Paul Ekman que ce sont inspirés les scénaristes et producteurs de la série américaine « Lie to me« , dont Ekman fut le principal conseiller scientifique. Selon Matsumoto et & Hwang’s (in press – voir leur article sur le site de l’APA), le taux de reconnaissance moyen des émotions par un quidam non entraîné est de l’ordre de 48%, voire même de 35% si l’on ne tient pas compte de la joie et de la surprise qui sont les deux expressions les plus facilement reconnaissable (ce qui n’est pas absolument mon avis, la peur et la surprise étant assez proche en terme d’expression faciale, elles peuvent parfois être confondue). Après entrainement, ce chiffre peut facilement monter à 80, 90 voire 100%, y compris pour ce qui est des micro-expressions (furtives) et des expressions subtiles. Comme ils le font remarquer dans leur article publié sur le site de l’American Psychological Association  (2011), la capacité à décoder correctement les expressions du visage et les informations non-verbales en général est un facteur essentiel de la capacité à avoir des relations satisfaisantes avec son entourage, personnel ou professionnel (sans parler de l’amélioration de la capacité à détecter un mensonge). Plusieurs sociétés ou organisations proposent des formations, souvent en ligne ou par ordinateur, pour améliorer notre capacité à reconnaître les émotions exprimées par les expressions du visage:
  •  FaceTale de l’Université Catholique de Louvain (BE) et de l’Université d’Edinburg (UK): Reconnaissance des émotions et des micro-expressions (La joie, La tristesse, La colère, La peur, Le dégoût, La honte) par la pratique d’un test avec feedback . Français/Anglais. Gratuit. Logiciel sous Windows.
  • METT (Micro Expression Training Tool) du Paul Ekman Group.  Reconnaissance des micro-expressions et des émotions (La joie, La tristesse, La colère, La peur, Le dégoût, la surprise, le mépris) incluant une partie didactique expliquant les différences entre les différentes expressions. Certificat de réussite (80%) et de maîtrise (90%). Anglais. 20$(Normal) ou 69$ (advanced). En ligne, pas de limite de temps.
  • SETT (Subtle Expression Training Tool) du Paul Ekman Group.  Reconnaissance des micro-expressions et des émotions (La joie, La tristesse, La colère, La peur, Le dégoût, la surprise, le mépris) incluant une partie didactique expliquant les différences entre les différentes expressions. Anglais. 39$. En ligne, pas de limite de temps.
  • MiX (lite, original, Pro, 2, Elite or 3) de Humintell (Société fondée par David Matsumoto). Reconnaissance des micro-expressions et des émotions (La joie, La tristesse, La colère, La peur, Le dégoût, la surprise, le mépris) incluant une partie didactique expliquant les différences entre les différentes expressions et des visions de visage de côté (dans certaines options). Anglais. De 29 à 89$. En ligne, pendant un an.
  • SubX (lite, Novice, Pro & Elite) de Humintell (Société fondée par David Matsumoto). Reconnaissance des expressions subtiles et des émotions (La joie, La tristesse, La colère, La peur, Le dégoût, la surprise, le mépris). Anglais. De 29 à 99$. En ligne, pendant un an.
  • T.E.L.C. Micro-expression de Lynx Expert. Reconnaissance des micro-expressions et des émotions (La joie, La tristesse, La colère, La peur, Le dégoût, la surprise, le mépris). Français, Anglais et Espagnol. 39€
  • Getting Flirty par Globalemotion.com.  Reconnaissance des micro-expressions (La joie, La tristesse, La colère, La peur, Le dégoût, la surprise, le mépris) uniquement sur des visages féminins. Anglais. 3.99$. Sur iPhone ou iPad (IOS 3.2+) uniquement.
  • Spot de Fake Smile de la BBC. Test pour détecter les vrais sourires (dit de Duchenne) des faux (forcés). Anglais. Gratuit. En ligne (Flash).
Quelques références bibliographiques: ]]>

De la construction sociale de la maladie mentale

http://www.ethnopsychiatrie.net/stengusagers.htm) mais j’aimerais en extraire quelques réflexions ou plutôt vous faire part de celles qu’il m’a inspiré ou rappelé. D’abord, il nous rappelle les risques liés aux diagnostiques, aux étiquettes. Donner un nom à une situation, à un état, c’est déjà la réduire, la simplifier à un plus petit dénominateur commun qui ne peut en donner une image correcte. C’est donc aussi, modifier cette réalité, cet état. Modifier la perception que l’on en à mais probablement aussi modifier l’état observé (c’est ce que nous rappelle une des conséquences du principe d’incertitude d’Heisenberg, on ne peut observer un phénomène sans l’influencer) ou ce que l’on pourrait appeler une co-construction dans l’intersubjectivité de la réalité. Ce phénomène est aussi mis  en évidence par l’observation de l’effet Rosenthal (ou pygmalion) qui nous montre comment nos croyances peuvent influencer nos comportements et celui de notre entourage, que ce soient des élèves ou des rats de laboratoire. Mettre une étiquette, émettre un diagnostique, est donc un acte fort, rempli de conséquences. De là, on peut se demander aussi pourquoi des groupements d’usagers (ou aussi de « malades ») veulent absolument être reconnus comme tels. Cette recherche de reconnaissance, qui peut être porteuse de sens, d’un sens co-construit avec la société et ses experts en maladies, est aussi probablement une des conditions de leur enfermement dans cet état, cette situation, cet usage, cette maladie. C’est en tout cas ce que remarquait Sylvie  Tordjman dans un article sur les enfants à haut-potentiel que je vous soumettait il y a quelques mois (ici). L’étiquette peut nous enfermer dans une réalité (une perception de la réalité) qui ne laisse pas suffisamment de place au bien-être de l’individu. Ce mécanisme de co-construction de la réalité du symptôme et du mal-être est probablement à l’œuvre dans toute les relations thérapeutiques. La relation thérapeutique salutaire est probablement celle qui amène le patient à construire (ou plutôt co-construire, avec le thérapeute ainsi qu’avec son entourage) une nouvelle réalité qui lui soit plus favorable. Que ce soit par la métaphore en hypnose, la méditation, l’association libre et la reformulation ou le recadrage en thérapie psychodynamique, les tâches thérapeutiques en systémique ou la défusion et le travail sur les valeurs en ACT (voire même par les interprétations de la réalité que peuvent donner l’astrologie ou la kinésiologie), la thérapie est un espace de reconstruction, de co-construction de la réalité. Si l’on accepte ces prémisses, on comprend mieux encore l’importance de la relation thérapeutique, des croyances, des affinités et des représentations, dans le chemin vers un mieux-être (notion subjective elle aussi) ou plutôt la création de ce mieux-être. Il reste néanmoins important de rester conscient des limites de notre perception de la réalité et de nos connaissances. C’est cette connaissance de nos limites, des règles du jeu pour utiliser une métaphore, qui est notre clé pour plus de liberté.  ]]>