La méditation change la densité de la matière blanche du cortex en 1 mois

Selon un article de Tang & Posner à paraître prochainement dans le très sérieux Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), 1 mois de pratique de méditation IBMT (Integrative Body-Mind Training, une technique inspirée des techniques de méditation et de médecine chinoise) , soit un total de 11h de méditation (environ 20 minutes par jour) a provoqué une augmentation de la matière blanche dans le cortex cingulaire antérieur, une zone du cerveau impliquée dans la régulation émotionnelle et dans la modulation attentionnelle. Dans une étude précédente, en 2007, le même groupe de recherche avait déjà constaté un niveau de cortisol (une hormone étroitement liée au stress) ainsi que des niveaux d’angoisse, de colère, de fatigue et de dépression plus bas que ceux d’un groupe contrôle pratiquant la relaxation (ce qui laisse envisager une différence encore plus significative par rapport à un groupe ne pratiquant aucune méthode similaire). L’IBMT semble assez similaire à une pratique de pleine conscience à laquelle on ajoute un contrôle de la posture, de la respiration et de l’imagerie mentale. Une sorte de fusion entre la cohérence cardiaque et la pleine conscience. L’avantage de l’IBMT semble être la rapidité à laquelle les changements s’opère et les facilités et rapidité des pratiquants à maîtriser la technique (5 jours selon Dr. Tang). L’effet sur la matière blanche peut être dû aux même type de mécanisme qui provoquent une modification cérébrale lors d’une exposition prolongée au stress, telle qu’elle a pu être constaté par Wingen et al. (2012). En effet, la plupart des pratiques de méditation ou de yoga ont un effet relaxant ou de lutte contre les mécanismes du stress (tout comme la cohérence cardiaque d’ailleurs). L’étude de Black, Cole, Irwin et al (2012) sur l’effet d’une pratique de Yoga et de méditation, 12 minutes par jour, montre une réduction des mécanismes biologiques responsables d’une augmentation de la réponse inflammatoire du système immunitaire. Le stress pouvant provoquer des modifications du cortex cérébral et des connexions neuronales (dans le sens d’une diminution de celles-ci), une diminution du stress (et des mécanismes inflammatoires sous-jacents) pourrait expliquer les modifications des structures neuronales chez les méditants. N’oublions pas aussi que ces changements « significatifs » (au sens statistique du terme) ne sont pas énormes. Ils sont relativement minimes mais dit significatifs car ils ont été constatés sur un grand nombre de personne (non, non, je ne vous ferai pas un article sur la puissance des tests en statistique). De même les changements comportementaux, qui sont évalués de manières plus subjectives, montrent aussi parfois un effet limité. Néanmoins, ces petites différences font parfois, voire même souvent, la différence entre un mal-être et un bien être, du moins, entre la perception que l’on peut en avoir (Et on parlera des problèmes d’évaluation scientifique des facteurs subjectifs plus tard). Le site du Dr Tang Un rapide et bref résumé des recherches sur la méditation sur Wikipédia Un article de Futura Science sur le sujet Un article plus détaillé de Sciences Daily (en Anglais) Un article de psychomédia sur l’étude de Wingen Lien vers l’article de Black, Cole, Erwin et al. (2012) sur Science Direct]]>

Publié par Emmanuel Nicaise

Master en psychologie clinique et psychopathologie de l'Université Libre de Bruxelles (ULB). Psychologue clinicien agréé par l'INAMI et la commission des psychologues. Psychothérapie brève et thérapies cognitivo-comportementales. Travaille avec enfants, adolescents et adultes. Doctorant en psychologie à l'ULB. Sujets d'intérêts: psychologie de la cyber sécurité, vigilance, confiance, haut-potentiel intellectuel, influence des nouvelles technologies sur le développement des enfants, psychologie des émotions, psychologie du risque.

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